Le ministre des affaires étrangères canadien doit appeler le gouvernement du Bahreïn à libérer les journalistes et militants

La lettre suivante a été envoyée au ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion.

Nous, organisations de défense des droits de l’homme soussignées, sommes profondément préoccupées par le fait que des personnes, y compris des journalistes, continuent d’être prises pour cible pour leur libre expression dans le Royaume du Bahreïn. Alors que la conférence de défense du Dialogue de Manama doit avoir lieu du 9 au 11 décembre, nous pensons que ce lieu peut être l’occasion idéale pour soulever ces questions critiques avec le gouvernement bahreïni, car les droits de l’homme sont fondamentaux pour la sécurité et la stabilité en la région. Nous vous demandons donc d’exprimer les inquiétudes du Canada face au ciblage par le gouvernement bahreïni des journalistes et des militants qui exercent leur droit à la liberté d’expression lorsque vous êtes à Manama cette semaine.

Le 30 novembre 2016, un tribunal pénal bahreïni a condamné Faisal Hayyat, journaliste sportif et militant des médias sociaux, à trois mois de prison pour un tweet. Faisal Hayyat est un journaliste renommé qui est apparu sur diverses chaînes sportives et a écrit pour les journaux locaux de Bahreïn, Alalam, Albilad et Akhbar Al Khaleej. Il dirige et présente de courts programmes vidéo en ligne qui offrent des perspectives critiques sur la politique locale. Le harcèlement répété par le gouvernement bahreïni de Faisal et d’autres militants en ligne démontre la criminalisation inquiétante et continue de la liberté d’expression à Bahreïn.

Des responsables bahreïnis avaient précédemment arrêté Faisal en avril 2011 pour son implication dans les manifestations pro-démocratie de 2011. Les forces de sécurité bahreïnite l’ont détenu pendant 84 jours. Pendant sa détention, les autorités ont soumis Faisal à des tortures physiques et psychologiques, notamment du harcèlement sexuel et des traitements dégradants. Il s’est exprimé à ce sujet et a récemment publié une lettre sur les réseaux sociaux au ministre bahreïni de l’Intérieur détaillant les tortures subies par le gouvernement. Les autorités gouvernementales n’ont jamais fourni de compensation pour les abus et n’ont jamais tenu de responsables pour responsables. Dans la lettre, Faisal mentionne: «J’écris ceci et je sais que cela peut me coûter ma liberté.»

Le 7 octobre, Faisal a publié des tweets commentant les événements des débuts de l’histoire islamique. Le 9 octobre 2016, le parquet a accusé Faisal d’avoir insulté une secte et une personnalité religieuse. Le gouvernement considère donc l’opinion de Faisal Hayyat sur les événements de l’histoire islamique comme une responsabilité pénale. La décision du gouvernement de le poursuivre porte atteinte à la fois à sa liberté d’expression et à sa religion.

Nous pensons que Faisal a été pris pour cible dans le cadre d’une campagne de silence contre les voix critiques du gouvernement. Récemment, le gouvernement bahreïni a porté de nouvelles poursuites pénales contre le défenseur des droits humains Nabeel Rajab pour une lettre ouverte publiée dans le New York Times, et contre le chef de l’opposition politique Ebrahim Sharif pour une interview qu’il a accordée à l’Associated Press. En outre, le politicien de l’opposition Fedhel Abbas a écopé de trois ans de prison pour tweets critiquant la guerre au Yémen.

Le Canada garantit le droit à la liberté d’expression en tant que «liberté fondamentale» en vertu de l’article 2 de la Charte des droits et libertés. Par conséquent, nous croyons que le gouvernement du Canada a la responsabilité de saisir cette occasion pour exprimer publiquement et en privé ses préoccupations concernant les droits de la personne auprès des autorités bahreïnis. Le droit à la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme sont fondamentaux pour instaurer la stabilité et la sécurité dans la région. Nous exhortons le Canada à demander aux autorités bahreïnis de libérer le journaliste Faisal Hayyat et toutes les personnes ciblées et emprisonnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et d’expression au Bahreïn.

Signé,

Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB)

Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD)

Canadian Journalists for Free Expression (CJFE)