Trois députés français attirent l’attention sur la situation actuelle des droits humains à Bahreïn, demandant au ministre des Affaires étrangères de répondre aux allégations croissantes de violations, avec une référence spécifique aux cas de Hasan Mushaima et du Dr Abduljalil Al-Singace

Deux députés français ont attiré l’attention du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur la situation préoccupante des droits humains à Bahreïn. Ces propos ont été appuyés par d’autres commentaires faits le 12 octobre 2021 par un autre député. Tous les députés ont fait explicitement référence à l’état préoccupant du leader de l’opposition politique Hasan Mushaima, dont la santé continue de se détériorer dans un contexte de nombreuses violations des droits humains par les autorités pénitentiaires. Au cours des derniers mois, de nombreux députés français ont exprimé leur inquiétude face à ces violations systématiques par le gouvernement et ont exhorté le ministre des Affaires étrangères à se pencher sur le traitement des prisonniers politiques à Bahreïn. Les trois députés qui ont le plus récemment souligné les développements inquiétants dans le pays sont M. Michel Larive, Mme Maud Gatel et M. Guillaume Garot.

  1. Michel Larive est membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation, et membre de La France Insoumise. M. Michel Larive attire l’attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation de Hasan Mushaima, leader de l’opposition politique à Bahreïn, emprisonné à vie en 2011 pour son activisme lors du printemps arabe. M. Mushaima, aujourd’hui âgé de 73 ans, est actuellement en très mauvaise santé après s’être vu refuser des soins médicaux par les autorités pénitentiaires. M. Larive a également mentionné les rapports de sa famille selon lesquels les autorités pénitentiaires exercent sur lui des pressions psychologiques et des mesures punitives qui ont exacerbé la détérioration de sa santé. M. Larive a explicitement mentionné un enregistrement sur la chaîne YouTube d’ADHRB, dans lequel M. Mushaima parle de l’incapacité des autorités pénitentiaires à lui fournir le traitement pour ses maladies, et qu’il n’a reçu que des analgésiques non adaptés à ses besoins médicaux. Cette déclaration a été suivie de rapports remis à ADHRB par sa famille, qui a déclaré que son état était « extrêmement préoccupant » et que ses « jours étaient comptés. » M. Larive a ensuite fait référence à un message sur Twitter d’Amnesty Bahreïn du 23 juillet 2021, qui évoquait le transfert de M. Mushaima à l’hôpital pour des tests médicaux et ses niveaux de glycémie et de pression artérielle extrêmement élevés. À la lumière de ces événements, M. Larive a interrogé le ministre des Affaires étrangères sur sa position dans cette affaire, ainsi que sur les mesures qu’il entend prendre en vue de la libération de M. Mushaima.

Mme Maud Gatel est membre de la Commission des affaires étrangères et membre du Mouvement démocratique (MODEM). Mme Gatel a évoqué la situation préoccupante des droits humains et le traitement des opposants politiques à Bahreïn. Mme Gatel a indiqué que la France n’a jamais manqué d’appeler les autorités bahreïnies au respect des droits humains, rappelant à chaque occasion la nécessité de garantir la liberté d’association, le droit de manifester, la mise en place d’un système judiciaire indépendant et le droit à un procès équitable. Malgré les initiatives de la diplomatie française pour faire évoluer la position du Royaume, de nombreuses personnes sont encore poursuivies et condamnées simplement en raison de leurs opinions politiques. Mme Gatel a rappelé au ministre des Affaires étrangères que c’est le cas de Hasan Mushaima, qui, malgré son âge avancé et sa santé fragile, se voit refuser l’accès aux soins. Mme Gatel a évoqué les conditions de détention extrêmement difficiles et les mauvais traitements qui ont conduit à son hospitalisation en juillet 2021. Mme Gatel a indiqué que cette histoire n’est pas un cas isolé à Bahreïn, et rappelle l’emprisonnement à vie du leader d’al-Wefaq, Ali Salman, en 2018, décision que la France et l’Union européenne ont unanimement dénoncée. Aussi, au-delà du soutien exprimé aux opposants politiques de Bahreïn, Mme Gatel s’enquiert des intentions de la France pour obtenir leur libération dans le cadre de ses relations bilatérales avec les autorités bahreïnies.

  1. Guillaume Garot est vice-président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire et membre du parti socialiste. M. Garot a attiré l’attention du ministre des Affaires étrangères sur la situation des droits humains à Bahreïn, et que dix ans après la répression du soulèvement bahreïni en 2011, le Royaume est régulièrement cité pour ses atteintes à la dignité et aux droits humains. M. Garot a indiqué que ces persécutions visent principalement les militants politiques d’opposition et les défenseurs des droits humains, et plus largement, tous les citoyens exprimant une opinion dissidente. Des ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont fait état de multiples actes de torture et de mauvais traitements infligés aux prisonniers politiques, de même que le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui a signalé les risques liés aux conditions de détention des prisonniers politiques. M. Garot a évoqué l’aggravation de cette situation suite à l’émergence du COVID-19, les détenus, déjà privés de traitement médical, ne bénéficiant pas non plus des installations sanitaires et des soins nécessaires pour se protéger contre le virus. M. Garot a ensuite fait explicitement référence au cas du Dr. Abduljalil Al-Singace, ainsi qu’à celui de M. Hasan Mushaima, dont l’état de santé se détériore fortement sans aucune réaction des autorités gouvernementales. M. Garot souhaiterait donc savoir quelles actions la France entend mener auprès de la communauté internationale et de Bahreïn pour réaffirmer son engagement en faveur du respect des droits humains dans ce pays.

Après les appels à l’action lancés par Gérard Leseul, Jean-Christophe Lagarde, Isabelle Rauch, Dominique Potier, Sandra Marsaud, Éric Girardin, Xavier Paluszkiewicz et la députée guadeloupéenne Justine Bénin, les questions posées par les députés susmentionnés témoignent de l’évolution significative de l’opinion des parlementaires français. Compte tenu du discours décisif et déterminé des députés français contre la violation des droits humain par Bahreïn, il est attendu du ministre des Affaires étrangères qu’il prenne des mesures définitives dans ses relations bilatérales avec le Royaume. La pression exercée par ces députés constitue une étape positive vers une prise de conscience accrue, tant au niveau national qu’international, et il est à espérer qu’une action aussi déterminée au sein du Parlement français puisse entraîner un changement important dans le traitement des prisonniers politiques à Bahreïn.