la tendance quinquennale de la répression publique au Bahreïn

Ces cinq dernières années à Bahreïn, la répression des droits politiques et civils par le gouvernement s’est particulièrement intensifiée. Longtemps après la répression de la révolution de 2011, le gouvernement bahreïni continue d’empêcher ses citoyens d’exercer toute agence politique qui s’oppose aux intérêts du régime des Al-Khalifa. La tactique du gouvernement est claire : le gouvernement a adopté des lois visant à empêcher la tenue d’élections libres et équitables, il a arrêté des dirigeants de l’opposition politique et il continue de diffamer et d’emprisonner les défenseurs des droits humains.

Tout d’abord, les semaines qui ont précédé l’élection de 2018 n’ont donné lieu à aucun processus électoral libre ou équitable : en juin 2018, la loi n° 25 de 2018 a été adoptée, interdisant aux personnes ayant déjà fait l’objet de poursuites judiciaires de briguer un poste politique. Cette loi vise essentiellement les candidatures de personnalités politiques chiites de premier plan, car nombre d’entre elles avaient été poursuivies par le passé sur des bases frauduleuses et politiquement motivées. La législation continue d’affecter les milliers de prisonniers de conscience restants qui ont été arrêtés pour leur opposition politique ou leurs convictions en matière de droits de l’homme.

Deuxièmement, pratiquement tous les dirigeants politiques de l’opposition ont été pris pour cible par les autorités, y compris, par exemple : Le cheikh Ali Salman, dirigeant d’Al-Wefaq dissous, a été condamné à la prison à vie en novembre 2018 ; Ebrahim al Bashir, dirigeant d’Al-Waad dissous, a été arrêté en mars 2019 pour des tweets critiquant le sultan d’Oman. Ces arrestations très médiatisées ont envoyé un message clair à la population : la dissidence ne serait pas autorisée par le gouvernement.

Troisièmement, rien qu’en 2017, une centaine de personnes ont vu leur liberté de mouvement restreinte de facto par les autorités en raison de leur engagement auprès des mécanismes de défense des droits humains et de leur plaidoyer en faveur de la démocratisation. La diffamation, encouragée par le gouvernement, de défenseurs des droits humains de renommée internationale a entraîné des menaces contre leur vie. Par exemple, les voitures d’Ebtisam Al-Saegh et de Khalil al-Marzooq ont été brûlées juste devant leurs propriétés en 2017 après que des journaux proches du gouvernement les ont dépeints comme des traîtres à la nation. Les autorités font également chanter les militants des droits humains en exil en soumettant les membres de leur famille à des représailles.

Enfin, des centaines de ces 2500 prisonniers, dont les célèbres Treize de Bahreïn, restent emprisonnés depuis les arrestations effectuées après les manifestations de 2011. Ils ont été intentionnellement oubliés par le pardon royal de mars 2020 accordé à 1486 prisonniers en raison de COVID-19, ce qui montre jusqu’où le gouvernement est prêt à aller pour maintenir les dissidents politiques dans l’ombre. La majorité de ces personnes auront passé 10 ans derrière les barreaux dans des conditions horribles, et beaucoup auront subi des négligences médicales répétées et délibérées de la part du personnel pénitentiaire – une pratique qui a été condamnée dans une déclaration conjointe de novembre 2019 par de multiples bureaux des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH).

Les autorités bahreïnites ont affirmé à plusieurs reprises qu’elles travaillaient à des réformes, mais l’ADHRB reste déterminée à rappeler à la communauté internationale que ces promesses ne sont qu’un écran de fumée : Au cours des quatre dernières années, les partisans du changement politique ont subi un harcèlement incessant. En mai 2022, Bahreïn subira son 4e cycle d’examen périodique universel au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, où la communauté internationale verra clairement que Bahreïn a systématiquement ignoré les recommandations formulées lors de son 3e cycle d’EPU. Bahreïn a également ignoré les recommandations faites par sa propre institution de réforme, la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn (BICI). ADHRB implore la communauté internationale de reconnaître la régression des droits de l’homme à Bahreïn, et d’appeler les autorités bahreïnies à mettre en œuvre un changement réel et durable.