Profil en persécution: Ahmed Isa Husain

Ahmed Isa Husain avait 27 ans lorsqu’il a été arrêté au domicile de son grand-père en 2016. Depuis son arrestation, Ahmed a été soumis à la torture et à des négligences médicales. Il purge actuellement une peine d’emprisonnement à vie à la prison de Jau, à Bahreïn, tout en souffrant de nombreuses affections médicales.

Le 19 juin 2016, Ahmed a été arrêté par des agents en civil et des membres de la police anti-émeute de Bahreïn. Il était seul au domicile de son grand-père lorsque les agents ont encerclé et perquisitionné la propriété vers minuit, qui n’ont pas fourni de mandat d’arrêt ni les raisons de son arrestation. La famille d’Ahmed n’a appris son arrestation que par des habitants du quartier qui en ont été témoins. Pendant une semaine entière après son arrestation, sa famille n’a rien su de l’endroit où se trouvait Ahmed jusqu’à ce qu’il l’appelle pour l’informer qu’il était détenu dans le bâtiment de la police judiciaire.

Les agents ont commencé à torturer Ahmed dès le moment de son arrestation. Dans le bus qui le conduisait au centre de détention, les agents se sont assis sur Ahmed jusqu’à ce qu’il ait l’impression de s’étouffer et ont remplacé ses menottes par des chaînes pour chiens. Ahmed a ensuite passé environ 10 jours à la Direction des enquêtes criminelles (CID), où il a été battu jusqu’à ce qu’il soit contraint de signer des aveux sur les charges retenues contre lui, qui ont ensuite été utilisés lors du procès.

Ahmed n’a pas eu le temps de se préparer convenablement au procès. Il n’a pas eu d’avocat, et n’a pas été autorisé à présenter des preuves à l’encontre de l’affaire. Il a été immédiatement conduit à la prison de Jau après l’enquête, alors qu’il avait été condamné à une peine d’emprisonnement de trois ans cinq jours avant son arrestation.  Près d’un mois après son arrestation, Ahmed a été traduit en justice où il a été condamné à la réclusion à perpétuité et s’est vu retirer sa nationalité.  Les chefs d’accusation retenus contre lui étaient les suivants : meurtre, tentative de meurtre, incendie de pneus, rassemblement illégal et émeute.

En plus de violer son droit à un procès équitable, l’administration de la prison de Jau a continuellement ignoré la détérioration de son état de santé. Ahmed a été blessé en novembre 2019 après être tombé en jouant au football dans la cour de la prison, ce qui a provoqué une lacération des articulations du pied. En plus de cela, Ahmed souffre d’un certain nombre de glandes enflées dans son abdomen.

Bien qu’un médecin ait confirmé qu’Ahmed devait subir une intervention chirurgicale, l’administration a négligé son traitement et reporté les consultations. Le retard dans le traitement a entraîné une mauvaise cicatrisation des ligaments, ce qui expose Ahmed à un risque d’invalidité permanente. Après des demandes répétées de traitement, le 29 décembre 2021, la famille d’Ahmed a reçu un appel des détenus de la prison de Jau les informant qu’Ahmed avait été admis à l’hôpital. Ahmed les avait appelés pour la dernière fois le 26 décembre et a finalement pu les rappeler le 4 janvier 2022, après que sa famille se soit adressée au Médiateur pour les informer de son rendez-vous pour les glandes de l’abdomen.

Les actions entreprises par les autorités bahreïnies concernant l’arrestation sans mandat d’Ahmed, la torture, le refus d’un procès équitable et la négligence médicale sont toutes en violation flagrante du droit international. Bahreïn a violé les obligations qui lui incombent en vertu de plusieurs traités internationaux, notamment la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CAT) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ICCPR).

Pour cette raison, l’ADHRB appelle les autorités bahreïnies à organiser un nouveau procès dans lequel les normes internationales d’un procès équitable sont respectées. De plus, l’ADHRB exhorte les autorités bahreïnies à enquêter sur les allégations de torture et de traitement inhumain de la part des officiers qui ont interrogé Ahmed. Enfin, l’ADHRB demande instamment qu’Ahmed reçoive un traitement médical approprié pour sa blessure au pied et ses glandes enflées dans l’abdomen, tout en tenant sa famille informée de son lieu de résidence et de son état de santé.