Profil de prisonnier: Jaffer Demistani

** Mise à jour: le 16 mai 2018, Jaffer Demistani a été libéré après que le gouvernement eut réduit sa peine de sept ans.

Dans la nuit du 22 mars 2014, une camionnette civile banalisée a poursuivi Jaffer Ebrahim Demistani. Un groupe d’officiers du ministère bahreïnite de l’Intérieur (MoI) a arrêté Jaffer et l’a arrêté sans présenter de mandat. Les agents l’ont transporté au poste de police de Budaya. Au poste de police, des policiers ont battu Jaffer et l’ont interrogé sur un groupe d’Américains qui avait récemment emménagé dans le même bâtiment que lui. Après quatre heures de violence physique et mentale, Jaffer a été transporté au bâtiment de la Direction générale des enquêtes criminelles (CID). Les autorités ont tenu Jaffer au CID pendant les quatre jours suivants. Pendant ce temps, les policiers ont forcé Jaffer à signer des aveux pour des accusations de rassemblement illégal. Les officiers ont déclaré que s’il ne signait pas d’aveux, ils l’inculperaient de crimes liés au terrorisme. Les agents n’ont pas permis à Jaffer de lire le journal qu’ils l’ont forcé à signer. Suite à ses aveux forcés, les autorités ont transféré Jaffer au centre de détention Dry Dock.

Jaffer a été jugé sans autre enquête sur son cas. Au cours du procès, son avocat a insisté pour que l’accusation présente le témoin qui avait témoigné contre Jaffer. L’accusation a reporté le procès à plusieurs reprises au cours de l’année suivante, car le témoin ne s’est pas présenté. Pendant ce temps, Jaffer a présenté des témoins d’alibi qui ont vérifié qu’il ne pouvait pas avoir été au rassemblement en question. Le verdict a été reporté d’un an et demi après son arrestation. Le 23 juin 2016, un tribunal a condamné Jaffer et un autre groupe d’accusés à sept ans de prison. Aucun des autres accusés n’a impliqué Jaffer et a nié l’avoir jamais rencontré. Les avocats de Jaffer ont déposé un recours, qui devrait être entendu le 19 décembre 2016.

L’emprisonnement de Jaffer est le dernier en date d’un type de harcèlement visant lui et sa famille. Les forces bahreïnites ont tué le frère de Jaffer lors des manifestations de 2011. Les forces bahreïnites ont arrêté et torturé son père, infirmier et dirigeant de la Bahrain Nursing Society. Les autorités ont pris pour cible son père, Ebrahim Demistani, parce qu’il donnait des soins médicaux aux manifestants blessés. Les tribunaux ont condamné Ebrahim à trois ans de prison et il a été libéré en 2015 après avoir purgé sa peine.

En 2013, alors que son père était en prison, Jaffer a publié des tweets implorant le gouvernement de lui fournir un traitement médical. Les forces du MoI ont par la suite arrêté Jaffer à son retour de l’université en Inde et l’ont détenu pendant près d’un mois en représailles pour avoir dénoncé les mauvais traitements infligés à son père. Bien que libérés, les autorités n’ont pas abandonné les charges contre Jaffer. Le gouvernement bahreïni a détenu Jaffer à plusieurs reprises, chacune pendant plusieurs jours, avant de le relâcher. La détention l’a empêché de retourner en Inde pour terminer ses études.

Les officiers du ministère de l’Intérieur qui ont battu Jaffer ont violé l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Les policiers ont également violé l’article 14 (3) (g) en obligeant Jaffer à signer des aveux sous la contrainte. En outre, les forces de police ont violé l’exigence, reconnue à l’article 9 (3), selon laquelle les détenus doivent être traduits rapidement devant un fonctionnaire de la justice. Le mépris total des témoins d’alibi et le fait de ne pas produire de preuves matérielles liant Jaffer à la manifestation pour laquelle il a été accusé reflètent le manque d’intégrité judiciaire du gouvernement bahreïnite.

Le Gouvernement du Bahreïn continue de détenir arbitrairement des individus, souvent sur la base d’aveux forcés extorqués par l’intimidation et la torture, pour faire taire la dissidence politique et réprimer la liberté d’expression. Les autorités bahreïnies ont continuellement harcelé et ciblé Jaffer et sa famille, car ils plaident pour une réforme pacifique et la responsabilité du gouvernement. Le Gouvernement du Bahreïn doit respecter ses obligations en vertu des lois internationales auxquelles il a adhéré en libérant immédiatement Jaffer Demistani et en l’indemnisant ainsi que sa famille pour leurs souffrances.

** MISE À JOUR: Le 24 avril 2017, les tribunaux bahreïnis ont confirmé la peine de sept ans prononcée contre Jaffer Ebrahim Demistani pour participation présumée à un rassemblement illégal. Il a depuis été transféré à la prison de Jau, où il purgera une peine de sept ans.