Profil Persécuté: Hasan Radhi AlBaqali

Hasan Radhi AlBaqali était un agent de sécurité de 28 ans travaillant dans une entreprise privée lorsqu’il a été arrêté par les autorités omanaises le 22 février 2016 à l’aéroport de Mascate (Oman) sur la base des allégations de Bahreïn, via INTERPOL, selon lesquelles il était un fugitif de la justice. Pendant sa détention, il a été soumis à de la torture et à plusieurs violations des droits humains. Récemment, son état de santé s’est détérioré et il n’a pas bénéficié de soins médicaux adéquats. Il est actuellement détenu à la prison de Jau.

À la fin de l’année 2012, Hasan a quitté Bahreïn pour s’exiler. Alors qu’il était en exil entre 2012 et 2016, il a été condamné par contumace pour : 1) trouble à l’ordre public, 2) émeute, 3) placement d’objets ressemblant à des engins explosifs, 4) incendie criminel, 5) possession et fabrication de matériaux combustibles ou explosifs, 6) possession d’armes, 7) voyage en Iran pour recevoir un entraînement militaire, et 8) appartenance à une cellule terroriste. En conséquence, il a été condamné par contumace à près de 100 ans de prison. On pense que la condamnation de Hasan est due à sa participation pacifique aux manifestations pro-démocratie de 2011 à Bahreïn.

Le 22 février 2016, des agents de sécurité de l’aéroport de Muscat, en Oman, ont arrêté Hasan sur la base des allégations de Bahreïn, via INTERPOL, selon lesquelles il était un fugitif de la justice. Il a ensuite été remis aux forces de sécurité bahreïnies, qui l’ont fait monter à bord d’un de leurs avions privés, l’ont drogué au moyen de plusieurs injections qui l’ont rendu inconscient, et l’ont ramené par avion à Bahreïn. Ses effets personnels, notamment son téléphone, son argent, son passeport et sa carte d’identité nationale, lui ont été confisqués en cours de route et ne lui ont pas été rendus, ni à sa famille, depuis. Après son arrivée à Bahreïn, Hasan a été transféré dans le bâtiment de la Direction des enquêtes criminelles (CID) à Adliya.

De son arrestation jusqu’au lendemain, le 23 février, Hasan a été victime d’une disparition forcée qui a pris fin à 22 heures, lorsqu’il a pu appeler sa famille pour lui dire qu’il se trouvait dans le bâtiment de la CID. La famille a reçu cet appel après de multiples tentatives pour le joindre par l’intermédiaire de l’ambassade d’Oman et de plusieurs organisations de défense des droits humains.

Hasan a été interrogé pendant 15 jours entre le CID et le bâtiment 15 de la prison de Jau, où il a été torturé par des agents de l’Agence Nationale de Sécurité (NSA) et du CID afin qu’il fasse de faux aveux. Il a été battu à la tête, au cou et à l’estomac, soumis à des chocs électriques sur les testicules, placé nu dans une pièce froide et immergé dans de l’eau glacée, privé de sommeil, et menacé de mort, ainsi que sa femme. Par conséquent, il a avoué les charges qui lui étaient attribuées. Pendant cette période, l’avocat de Hasan n’a pas pu assister aux interrogatoires, et il n’a pas pu rencontrer ses parents. Au lieu de ça, il n’a pu les appeler que quatre fois pendant toute cette période, la durée de chaque appel ne dépassant pas une minute.

Hasan a été empêché d’assister à son procès. Il a été amené au tribunal une fois mais a été forcé de rester dans le véhicule de police à l’extérieur, sous prétexte qu’il n’y avait pas assez de policiers présents pour le garder dans la salle d’audience. Par conséquent, il a été reconnu coupable en novembre 2016 d’avoir tenté de tuer un policier, bien qu’il se trouvait hors de Bahreïn lorsque cet incident s’est produit. Ainsi, il a été condamné à une peine supplémentaire de 7 ans d’emprisonnement. Hasan a fait appel de sa condamnation et, le 2 février 2017, la Cour d’appel a réduit sa peine de sept ans à cinq ans. Le 15 mai 2018, lors d’un procès collectif inéquitable qui a impliqué 138 personnes, la quatrième Haute Cour pénale de Bahreïn a reconnu Hasan coupable de : 1) entraînement à l’utilisation d’armes à feu et d’engins explosifs à des fins terroristes, 2) possession d’armes à feu sans permis et utilisation à des fins contraires à la sécurité et à l’ordre public dans un but terroriste, et 3) d’avoir rejoint un groupe terroriste, les Brigades Zulfiqar, dont le but viole les dispositions de la constitution. En conséquence, il a été condamné à 7 ans de prison supplémentaires, et à la révocation de sa nationalité.

En novembre 2016, après sa condamnation à sept ans de prison, Hasan a été soumis à un deuxième cycle de torture plus sévère. Il a été frappé à la tête, au ventre et à la taille, et il a subi des électrochocs répétés sur ses testicules. Cette torture a entraîné une grave détérioration de la santé de Hasan. Il a souffert de pertes de concentration dues aux fréquentes blessures à la tête, de graves blessures aux testicules qui l’ont amené à uriner du sang, et de douleurs abdominales chroniques.

À ce moment-là, le bureau du procureur général (OPP) a ordonné qu’il soit examiné à l’hôpital Salmaniya. Cette décision a peut-être été motivée par le fait que la sœur de Hasan a déposé des plaintes auprès du bureau du médiateur et de l’unité spéciale d’investigation. Un examen effectué à l’hôpital le 19 novembre 2016 a révélé qu’il avait subi un « traumatisme testiculaire », avec un gonflement œdémateux du testicule gauche et de l’épididyme à plus d’un tiers de la taille normale. Il sortit de l’hôpital et fut renvoyé en prison avant d’avoir pu suivre un traitement approprié, et la famille n’a pas eu accès à son dossier hospitalier au complet. L’OPP insiste sur le fait que les dossiers médicaux doivent rester sous sa garde et que si la famille veut des informations médicales, elle doit les demander au bureau du procureur. Tout au long de cette deuxième série d’interrogatoires, Hasan s’est également vu refuser l’accès à un avocat, n’a pas été autorisé à recevoir la visite de sa famille, et ses appels téléphoniques à cette dernière ont été limités à une seule minute.

Récemment, la santé de Hasan s’est détériorée car les blessures subies sous la torture n’ont pas été traitées correctement. Il voyait du sang dans son urine et ses selles, et ressentait de fortes douleurs à l’estomac, aux reins et à la vessie. Considérant  ces faits, début janvier 2021, il a été emmené à un rendez-vous à l’hôpital militaire et a fait un test PCR en prévision d’une opération pour une varice aux testicules qui était prévue pour la troisième semaine de janvier. Toutefois, au lieu d’être ramené au bâtiment 14 et placé en isolement, il a été isolé dans le bâtiment 15 de la prison de Jau. Il n’a pas été informé des étapes à suivre avant l’opération, ce qui l’a laissé dans l’ignorance quant à sa situation. En outre, il n’a reçu aucun médicament pour atténuer la douleur qu’il ressentait. Enfin, dans sa cellule fermée, il ne pouvait pas distinguer le jour de la nuit et ne pouvait donc pas prier. Ces conditions ont eu un impact psychologique sur Hasan, car la douleur, associée à l’isolement et au manque d’informations sur son sort, l’ont conduit à l’hystérie. En outre, il lui était interdit de contacter sa famille depuis son transfert, résultant en une disparition forcée. Il n’a pu les appeler que le 16 janvier après avoir entamé une grève de la faim afin de faire pression sur les autorités. Lors de cet appel, il leur a expliqué ce qui s’était passé au cours des deux dernières semaines et leur a demandé de contacter les organes gouvernementaux pour alléger ses souffrances. Bien que la famille ait contacté le bureau du médiateur, celui-ci n’étant pas régulièrement informé de sa situation médicale, il n’a pas pu fournir toutes les informations pertinentes.

L’arrestation de Hasan, la confiscation de ses biens, la torture, le procès collectif inéquitable, le refus de traitement médical et la disparition forcée violent à la fois la Constitution bahreïnie et les traités internationaux auxquelles le Bahreïn est partie, à savoir la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CAT), la Convention internationale sur les droits civils et politiques (ICCPR) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (ICESCR). Étant donné que Hasan a été arrêté pour des raisons politiques et que sa condamnation dépendait de faux aveux forcés, nous pouvons conclure qu’il est détenu arbitrairement par les autorités bahreïnies.

Par conséquent, Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB) appelle les autorités bahreïnies à respecter leurs obligations en matière de droits humains en enquêtant sur toutes les allégations de torture, de disparition forcée et de refus de traitement médical approprié afin de garantir la responsabilité. ADHRB demande également que Hasan reçoive, dans des conditions sûres et saines, le traitement médical nécessaire pour toutes les blessures et les problèmes de santé résultant de la torture. ADHRB réitère sa demande aux autorités bahreïnies de libérer Hasan immédiatement, ainsi que tous les prisonniers politiques qui ont été jugés sur la base d’aveux obtenus sous la torture.